Edition revue et augmentée, avec une introduction historique de Georges Bensoussan. De tous les témoignages qu’a suscité le drame du ghetto de Varsovie, la Chronique d’une agonie est sans doute le plus bouleversant. Chaim A. Kaplan, enfermé dans le ghetto, prend chaque jour ou presque le risque de relater les événements dans le journal qu’il tient depuis plusieurs années. L’écriture devient pour lui une véritable « mission historique », témoignage indispensable si la communauté juive ne devait pas survivre. Loin de la grande littérature, il tient une sorte de « registre des larmes et du sang ». Il n’intègre que fort peu d’éléments personnels ou de commentaires. Il observe, écoute et rapporte les expériences quotidiennes du ghetto. Il tente ainsi de « rendre avec la plume l’image du couteau qui ne cesse de tout trancher sans pitié ». Son désir de laisser un témoignage de l’occupation allemande est inébranlable, tout comme sa constante volonté d’objectivité. Il refuse tant la « conspiration du silence » que l’invocation de l’ignorance pour justifier la barbarie nazie. Grâce au courage et à la persévérance de Chaim A. Kaplan, qui écrit jusqu’à la veille de son arrestation (4 août 1942), nous connaissons mieux ce que fut la survie dans le ghetto de Varsovie, cet îlot de quelques kilomètres carrés où 40 % de la population s’entassaient sur 8 % de la superficie de la ville. Les cahiers d’écolier sur lesquels il reportait les événements quotidiens ont été sortis à temps, juste avant la destruction complète du ghetto. Écrits il y a soixante-cinq ans environ, ils ont été publiés une vingtaine d’années plus tard par Abraham I. Katsh qui en a mesuré toute la portée historique.
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