Fenia Rabinovitch-Berz, physicienne, elle aussi, était l'amie de trois jeunes gens qui furent déportés. Ayzyk, le brillant mathématicien, sorti de la Pologne profonde pour obtenir sa thèse de doctorat d'Etat à la Sorbonne, fut assassiné à Auschwitz après un long internement en zone libre dans le camp du Vernet au terme duquel Vichy livra à la Gestapo en zone occupée ce docteur ès sciences mathématiques qui venait de recevoir son visa pour l'Amérique. Vladia, physicien russe promis à une carrière exceptionnelle, pionnier de la télévision depuis ses 20 ans à Berlin, inventeur prolifique ayant surmonté le handicap d'être né sourd-muet et que la Préfecture de Police fit arrêter pendant la rafle du Vélodrome d'hiver. Xénia, la chimiste, arrêtée elle aussi par la police parisienne, survécut à sa déportation. Dès sa libération, elle écrivit un récit sobre et puissant de ce qu'elle avait enduré entre mars 1944 et mai 1945.
Sans la fidélité de Fénia qui s'est obstinée à conserver lettres et manuscrit de ses amis disparus ; sans la volonté de Serge Klarsfeld d'aller au-delà des noms pour rendre à chaque déporté le plus de vie possible, Ayzyk, Vladia et Xénia ne redeviendraient pas des sujets actifs de l'histoire, mais resteraient des victimes vouées par les Nazis au néant et à l'oubli.
Une grande physicienne britannique d'origine russe, qui a traversé la guerre en France, Fenia Berz, conservait chez elle les lettres de trois de ses amis : celles d'Ayzyk interné au Vernet, celles de VIady arrêté à la rafle du Vel d'Hiv et le manuscrit écrit en 1945 de Xenia rescapée d'Auschwitz. Serge Klarsfeld a récupéré ces documents et les a publiés au moment même où Xenia disparaissait. |