"9 juillet 1941
[…] Je vais à Lons pour y déclarer qu'aux termes de la loi du 2 juin 1941, je suis juif. Je me sens humilié, c'est la première fois que la société m'humilie. Je me sens humilié non pas d'être juif, mais d'être présumé, étant juif, d'une qualité inférieure. C'est absurde, c'est peut-être un défaut d'orgueil, mais c'est ainsi.
Ainsi le maréchal et M. Xavier Vallat me contraignent à me réclamer d'une patrie juive à laquelle je ne me sentais pas lié. […] Mai la plus simple dignité m'oblige à m'identifier avec elle.
[…] Ainsi, ils prétendent m'imposer une autre patrie, un autre groupe. Quelle lâcheté serait de délibérer sur le point de savoir si je me sens ou je ne me sens pas juif ! Si vous insultez en moi le nom de juif, je suis juif, éperdument juif, juif jusqu'à la racine des cheveux, juif jusqu'au tripes. Après on verra."
Léon Werth, Déposition. Journal 1940-1944
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