"Notre siècle aura été l'un des plus sanguinaires de l'histoire et, l'esprit technique aidant, celui où le droit aura été bafoué sur des bases à couleur scientifique. (…) Que certains préconisent, non sans souci d'intérêts personnels, de caste ou de nation, de voiler la somme d'horreurs qui s'est produite, c'est ajouter la dissimulation et l'hypocrisie à la lâcheté. Ce qui est est - ce qui a été a été. Les enfants n'ont pas à ignorer les fautes des pères. Les peuples ne sont pas innocents. On ne passe pas l'éponge sur certains crimes qui ont vérolé les sous-couches de l'humanité. Il faut garder les yeux ouverts, avoir le courage d'admettre ce qui a eu lieu, rappeler sans faiblesse que la descente aux enfers est toujours possible, que l'impureté existe, menaçante, que les chevillards sont toujours parmi nous. Ce n'est pas en les recouvrant d'un voile pudique qu'on se garantit des " Forces noires ", et ce n'est surtout pas à ceux qui ont plus ou moins participé au service de cette décomposition d'exprimer sur ce point des opinions de tempérance qui viennent quelque peu tardivement."
Louis Calaferte (Droit de cité, 1992)
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