"Dans le mots écrits des historiens ne se trouvent pas les désespoirs des mères et les souffrances des enfants ; et c'est peut-être préférable. (…) Longtemps les cartothèques du crime resteront cachées dans un lieu sûr et lointain. Puis, quand l'érudit des temps futurs compulsera, sous la poussière, et les toiles d'araignées, les anciens fichiers, il verra dans les actes commis des délits véniels au prix de l'œuvre accomplie. D'ailleurs, il est probable qu'il n'y aura pas de fichier du tout ; car, avec le progrès, les empereurs d'aujourd'hui ont tiré les conséquences de cette simple vérité : ce qui n'existe pas sur le papier n'existe pas du tout."
Czeslaw Milosz, La pensée captive (1953) |